A.I.
Steven spielberg
2001
Avec : Joel Harvey Osment, Jude Law

 

Résumé
Dans un futur proche, les robots se sont répandus sur terre. Un couple dont le fils est dans le coma accepte de se livrer à une expérience hors du commun. Il adopte un robot-enfant, particulièrement "réaliste", que l'on a programmé pour exprimer des sentiments filiaux. Tout se complique...
Le reste ne vaut même pas la peine d'être raconté.

 

Quel formidable sujet ! Pour les amateurs de fantastique, et les inconditionnels d'Asimov, grand père de la cybernétique littéraire, la sortie d'AI était à la fois attendue et redoutée. Le projet avait été initié par Kubrick, et Spielberg l'a repris après sa mort (le génie doit encore se retourner dans sa tombe). Pourquoi pas, après tout ! Spielberg est un réalisateur qui compte (on aime toujours les dents de la mer, la série des Indiana Jones, et quelques formidables scènes du soldat Ryan... C'est un formidable "entertainer". Or, ici, il se montre sous son plus mauvais jour. Le début du film, filmé dans une légère surexposition (ou alors mes lunettes étaient sales), rappelle tout de suite l'univers de Kubrick : atmosphère froide, distanciation ; on a l'impression d'observer des rats dans un laboratoire, obligés de s'accomoder de cet être étrange qui réclame et donne de l'affection. On est troublé, mal à l'aise, en particulier lorsque le vrai fils revient à la vie et que des jalousies se développent. On n'est plus très loin des rapports qu'entretenait Karl, le robot de 2001 l'Odyssée de l'espace, et les cosmonautes en route pour l'infini, et on ne sait plus quoi penser du petit Osment, à qui on donnerait le bon dieu sans confession, mais dont les réactions quand il brûle un fusible donnent froid dans le dos.
Spielberg arrive à maintenir cette distance par rapport à son personnages principal pendant près d'une demi-heure, et puis...prend peur, car ne sait plus trop comment se dépatouiller de cette patate chaude qu'il aurait mieux fait de ne pas ramasser. et comme il prend peur, il régresse, prend son pouce ... Le syndrome E.T. s'empare du scénario, et on part dans deux heures accablantes, où le pauvre chérubin abandonné par sa maman (Pinocchio croisé de petit poucet) entreprend un voyage initiatique cent fois vu et revu, dont les moments les plus pénibles sont la casse des robots dans une foire à la ferraille à la Mad max (on pourrait écrire un livre sur "l'esthétique Mad Max", une des inventions les moins inspirées du cinéma des années 80, cuir et clous, ferraille à trois sous, motos ridicules, gore bon marché...tout y passe chez Spielberg).
L'intrigue rebondit comme une balle de ping pong, Jude Law, sorte de Gemini criquet gominé, vient faire un tour, et on se fiche désormais complètement de ce qui peut arriver au petit ange. Comme prévu, tout s'achève dans la guimauve, sous l'oeil bienveillant d'extra-terrestres anorexiques (expression de Madalen P.).

Laurent G., vu en 2001
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