Lantana
Australie
couleurs
Réal. en 2001 (mesef : 24/7/02)
Réal. : Ray Lawrence. 115 mn.
Scénario d'Andrew Bowell.
Avec : Anthony La Plagia (Accords et désaccords), Geoffrey Rush (Shine, Le tailleur de Panama), Barbara Hershey et Kerry Amstrong (Amy).

 

L'HISTOIRE
Quarantaine bedonnante, bon policier devenu brutal, mari infidèle, amant peu performant, père de deux garçons (fumeurs de hashich), Leon Zat traverse une grande crise existentielle. A ses côtés, sa femme subit la crise avec fracas et se réfugie auprès des conseils avisés d'une psychologue. Cette dernière est elle-même perturbée et ne se remet toujours pas de la mort de sa fille, assassinée deux ans plus tôt. Une nuit pluvieuse, elle disparaît après avoir essayé en vain de joindre son mari (dont le rôle est passionnant). Leon Zat mène l'enquête et mêle alors tous les personnages du film (époux, amants, voisins…passants..).

1.
Ce film se situe à la frontière entre le bon polar classique à rebondissements, et le véritable drame psychologique. On assiste à une chronique de l'enfer du couple (film à déconseiller à toute personne qui hésite à s'installer en couple pour cette rentrée..).
Un peu de vocabulaire…Lantana : " arbuste tropical qui dissimule des ronces broussailleuses sous des fleurs multicolores ". Nous sommes en plein dedans…chaque personnage, aussi beau soit-il, cache une amertume (voire même parfois du dégoût) sur sa propre vie, avec un mal être profond. Ainsi, tous les personnages apparaissent comme des âmes seules, perdues dans la vie/ville de Sidney. Ce décor pseudo tropical semble d'ailleurs bien aider le réalisateur à créer une ambiance stressante, voire suffocante (surtout si la clim. de votre salle de ciné est en panne, en plein mois d'août).
Après avoir quitté le monde du long métrage, en 85, avec Bliss , au profit du monde de la pub, Ray Lawrence nous revient sur le grand écran en faisant preuve d'une parfaite maîtrise de ses personnages (si si, parfaite, soyons fous) et d'une bonne direction d'acteurs. De fait, on regrette un peu les rôles moins approfondis des femmes (beaucoup plus stéréotypés). Ray Lawrence et Andrew Bowell nous livrent donc ici un beau bijou…et si certains lui reprochent son manque d'originalité, en n'y voyant qu'un film de plus dans la série des Short Cuts, American Beauty, les Robert Altman…je leur dirai juste que parfois, le manque d'originalité, ne reste pas une critique suffisante pour démonter un film qui reste l'un des meilleurs de ces derniers mois…
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Valérie-Anne


2.
Pour aller dans le sens de Valérie-Anne, je recommanderai moi aussi cet excellent "polar", même si l'on hésite à employer ce mot devant ce film hybride mais totalement maîtrisé. En effet l'intrigue criminelle n'est qu'un vecteur habile pour nous faire découvrir la complexité de ces êtres qui tentent tant bien que mal de vivre à deux, malgré le mensonge, la trahison, la solitude...
J'ai apprécié la très grande rigueur (voire l'austérité) de la mise en scène, qui ne s'écarte jamais du cadre défini par l'intrigue. Ray Lawrence tient son sujet de bout en bout, dans un rythme parfait qui ne sacrifie pas à la violence et aux rebondissements trop souvent téléphonés des polars classiques.
Enfin, ce n'est pas faire injure à Lawrence que de le comparer à Altman : l'aspect choral que prend le film, à travers la peinture des différents couples, fait en effet penser aux méthodes de l'auteur de Short Cuts ; Lantana n'en possède pas l'ironie mordante, mais là n'est pas la question : le réalisateur poursuit sa propre exploration des êtres, dans un style plus lent et plus sombre qui ne doit rien à personne, pour notre plus grand plaisir.

Laurent Goualle, vu au Méliès à Pau en 2002

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