J'ai adoré ce
film, mais vous pourriez ne pas apprécier. C'est bizarre, imaginatif,
frais, dérangeant, loin des nullités commerciales formatées,
drôle sans pour autant ressembler au splastick hystérique auquel
Adam Sandler nous a habitué jusqu'ici. Bien sûr il y a des passages
un peu idiots. Mais c'est un film d'un humour noir traversé par
de multiples couleurs. Un rêve récurrent qui reste là à me trotter dans
la tête, comme s'il avait profondément marqué une partie de mon
esprit, à l'image du vieux piano usé mystérieusement livré aux
aurores, au début du film.
Punch-Drunk Love traite de personnages qui sont autant de produits créés
par ce monde étrange qu'est l'Amérique contemporaine, au milieu des
décors de semi-remorques, de larges entrepôts servant de bureaux,
de supermarchés et de couloirs d'immeubles. Le personnage principal,
Barry Egan, victime de l'affection envahissante de ses sept sœurs, est
un homme normal en apparence ; il possède sa propre entreprise, et pour
lui les choses semblent aller bien, même si elles pourraient aller mieux.
En réalité cet homme est une véritable bombe à retardement,
mystérieux, fragile et violent. Sa petite amie est une charmeuse dont
le doux accent british respire la délicatesse, l'inquiétude, la vulnérabilité
et l'humanité. Sa présence pourrait bien changer la vie de Barry.
Ce film est aussi une sorte de quête de l'innocence, des instincts et
de l'amour dans un monde blasé. On y est aimé malgré ses défauts
: que l'on casse les toilettes d'un restaurant dans un accès de rage
soudaine, que l'on soit obsédé par le pudding et les promotions commerciales
pour grands voyageurs ou que l'on porte un costume de représentant bleu
vif.
Les couleurs du générique de début et la rengaine de la berceuse au
piano évoquent le monde imaginaire de l'enfance, entre les fissures
d'une société moderne aux allures d'entrepôts, un
enfer déshumanisé ; cet univers violent, kitsch, laid
et générateur de névroses est lézardé par les rêves fragiles,
hésitants et torturés de quelques personnages "vrais", authentiques.
Ce petit film fascinant pourrait bien vous toucher profondément.
Andrew
F. (traduit de l'Américain)
version originale : cliquez ICI
|