RENOIR-ALTMAN
"la Règle du jeu" - "Gosford park"
On peut trouver des connivences entre les deux films, d'autant que l'un et l'autre se situent dans la même décennie.( 1932, 1938 )
Dans les deux cas il y a week-end de chasse dans une riche propriété avec de nombreux invités qui ont un point commun : ils s'ennuient dans leurs vies.
Il y a aussi une peinture du monde des domestiques et des maîtres et il y a mort d'homme en fin de film.
L'aspect ridicule de la sortie de chasse est également comparable : dans les deux films, il s'agit d'une chasse minable qui n'est qu'un prétexte pour des gens qui ne savent que faire de leur oisiveté.
La comparaison entre les deux films peut, si on le désire, cesser là, pour la simple et bonne raison que l'aspect très spécifique de l'aristocratie anglaise n'a strictement rien à voir avec notre petit marquis français de La Chesnaye, pour une autre raison , plus profonde : dans la "Règle du Jeu" Renoir traite insidieusement d'un problème qui est celui de la fin d'un monde de plaisirs mais lié à la montée du nazisme, sans que cela soit explicite: tel n'est pas du tout le projet d'Altman.
On ne peut pas non plus comparer le crime (ou la mort d'homme) dans l'un et l'autre film, ceci est tout à fait évident.
D'autre part le travail de Renoir sur les rapports entre domestiques et maîtres, mais aussi celui entretenu par les domestiques entre eux se situe sur un tout autre registre .On peut en parler, certes ,mais il ne saurait être question de " pâle variation" car il s'agit tout simplement du traitement d'un autre thème : Lisette entretient avec sa patronne Christine, un rapport qu'elle gère totalement : elle a le choix de vivre avec son mari mais elle n'y tient pas : rien de tel chez Altman et surtout tel n'est pas du tout son propos.
En la matière, un lien plus proche est celui qu'on pourrait établir avec le film de James Ivory: "Les vestiges du jour" : ce sens quasi aristocratique du "service" chez la gouvernante et chez le majordome en Angleterre. Mais entre ces deux films, celui d'Altman et celui d'Ivory, les thématiques sont également différentes.
Il ne s'agit donc pas de discréditer un film par rapport aux autres, mais de retrouver des parentés avec un certain bonheur.
Brigitte Boëdec
2002